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COMBIEN DE TEMPS POUR SAUVER LA PLANETE ?
DOSSIER COMPRENDRE L'EFFET DE SERRE
Chacun de nos gestes quotidiens impacte le climat et dégrade la planète Terre (voitures, avions, chauffage...).
"Si tous les Terriens vivaient comme nous, de combien de planètes aurions-nous besoin pour absorber naturellement tous nos rejets de
CO2 ?"
A quoi est dû le réchauffement climatique depuis 50 ans ?
Pourquoi la Terre se réchauffe-t-elle ?
Le réchauffement depuis un demi-siècle est clairement dû aux activités "modernes" de l'homme, qui ont modifié l'atmosphère et renforcé
rapidement - voire brutalement - l'effet de serre naturel. Cet effet de serre agit comme une "couverture chauffante", et son existence
est indispensable à la vie, mais son augmentation brutale pourrait avoir des conséquences catastrophiques et irréversibles.
Pouvons-nous vraiment faire quelque chose ?
Sachant que nous sommes à l'origine du problème, bien sûr que oui !
Et pour savoir quoi, lisez !
se préoccuper du climat futur n'est pas un luxe, mais une nécessité !
Et l'air dans tout ça ?
Activités humaines et effet de serre
Régulièrement, les gouvernements du monde entier se réunissent pour tenter de limiter les émissions de gaz carbonique responsables de
l'augmentation de l'effet de serre. Pourquoi ce réchauffement ? Quelles pourraient être ses conséquences ? Où en sont les prévisions ?
Que pouvons-nous faire, à titre individuel ? Les questions sont nombreuses, les réponses encore incertaines.
Produit par l'atmosphère terrestre à la surface de la terre, l'effet de serre agit en quelque sorte comme un filtre, qui laisse passer
certains rayons lumineux, en bloque d'autres et contrôle ainsi les échanges entre la terre, le soleil et l'espace. Sans l'effet de serre,
il ferait -18 °C en moyenne sur la terre au lieu de +15 °C et la vie humaine y serait impossible.
En soi, ce n'est donc pas ce fameux effet de serre qui pose problème mais son accroissement, qui entraîne un réchauffement moyen de la
planète. En effet, la présence plus importante de certains gaz (gaz carbonique, méthane, protoxyde d'azote) dans l'atmosphère accentue
l'effet de serre.
La plupart des spécialistes s'accordent maintenant pour dire que, depuis 1850, la présence de ces gaz dans l'atmosphère augmente.
Cependant, le débat se poursuit sur la question de savoir si cette croissance est imputable aux activités humaines, et notamment à la
combustion des combustibles fossiles (charbon, pétrole) et à la déforestation. Certains en effet affirment que ce phénomène est naturel
et s'est déjà produit dans les siècles passés.
Cependant, jamais ce réchauffement n'a été aussi brutal… et c'est surtout cela qui est préoccupant. Une chose de sûre : depuis un siècle,
le climat s'est réchauffé d'un demi-degré et ce processus se poursuit. A tel point que, selon les estimations, la température à la
surface du globe pourrait augmenter de 1,4 °C à 5,8 °C d'ici 2100.
Réchauffement du climat : quelles conséquences ?
Les conséquences des émissions accrues de gaz à effet de serre sont multiples : élévation du niveau de la mer, déplacement des zones
climatiques (précipitations plus abondantes dans l'hémisphère Nord, sécheresses plus longues et plus fréquentes dans le sud),
modification des écosystèmes des forêts, rarification des cours d'eau, disparition progressive des glaciers… Ainsi, depuis la fin
des années 1960, la couverture mondiale neigeuse aurait diminué de 10 % et, dans une grande moitié de l'hémisphère Nord, les vagues
de froid hivernal dureraient deux semaines de moins qu'il y a 100 ans. Cette modification rapide du climat mondial accentuerait son
instabilité et se traduirait par une augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles, cyclones, sécheresse, inondations, etc.
L'élévation du niveau de la mer constitue une conséquence gravissime. Selon le Groupement intergouvernemental d'étude des changements
climatiques, les océans auront grimpé de 50 centimètres en 2100. Le Bangladesh pourrait ainsi perdre 15 % de ses terres, les Pays-Bas
6 %, l'Afrique de l'Ouest, principalement développée sur les côtes, sera touchée. Les Maldives, les Seychelles ou des atolls du pacifique
risquent d'être totalement submergés.
Plusieurs études suggèrent aussi que le réchauffement climatique, bien que récent, pourrait aboutir à l'extinction de certaines espèces.
On observe ainsi des modifications de comportement et d'implantation liées à l'augmentation de la température. Un champignon qui ne
poussait auparavant que dans le sud de la France atteint aujourd'hui la Bretagne. Ailleurs, un papillon encore observable près de
Barcelone il y a quelques décennies, a atteint aujourd'hui l'Estonie, où on ne l'avait encore jamais vu.
Parmi les autres conséquences, notons aussi la raréfaction du phytoplancton, indispensable à l'absorption des excédents de CO2, la
fleuraison précoce des arbres, ou encore les pontes prématurées chez les oiseaux…
Le saviez-vous ?
Les deux pays qui émettent la plus grande quantité de gaz à effet de serre sont les Etats-Unis et la Chine. |
De difficiles prévisions
A l'image de la tempête qui s'est abattue en décembre 1999 sur la France, mais aussi du phénomène El Nino en 1997, les phénomènes
climatiques extrêmes sur l'ensemble de la planète ont été plus nombreux cette dernière décennie que dans les précédentes. Le nombre
annuel d'inondations et de cyclones est ainsi passé de 20 en 1950 à 80 dans les années 1990, tandis que l'année 1998 a été la plus
chaude du millénaire. Des changements climatiques importants sont donc en cours, ce dont atteste également le recul des banquises et
des glaciers.
Toutefois, que ce soit pour évoquer les origines ou les évolutions possibles de ces changements, la prudence est de mise.
De fait, il semble impossible aujourd'hui de prédire jusqu'à quelle température la surface du globe pourrait être portée par
ces phénomènes : les connaissances en ce domaine sont encore insuffisantes, et les moyens de calcul aussi. De plus, des contre-effets
peuvent survenir et inverser la course de la température. En particulier, le rôle des océans et de leurs courants apparaît désormais
fondamental... mais encore très méconnu.
Même si l'on assiste aujourd'hui à une dramatisation à outrance des situations, souvent amplifiée par des médias avides de
sensationnalisme, il reste donc difficile de se prononcer sur le caractère passager ou durable de ces changements. Le problème
est pourtant réel et l'alerte donnée par le monde scientifique dans les années 1980 a bel et bien été entendue par les instances
internationales. En a résulté le Protocole de Kyoto sur le climat (1997), qui impose aux pays industrialisés de réduire d'au moins
5 % leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990, au cours de la période 2008-2012.
Cette réduction passe par un abandon progressif des modes de production énergétiques les plus néfastes pour l'atmosphère au profit
de sources d'énergie plus propres. Elles passent aussi par une diminution de la consommation d'énergie dans l'industrie, par la
mobilisation des filières professionnelles du bâtiment, par une utilisation plus rationnelle de la voiture, avec un développement
de modes de transports moins polluants et moins consommateurs d'énergie... En résumé, c'est l'impact des activités humaines qu'il
faut désormais apprendre à maîtriser.
Des gestes pour la planète
Les scientifiques évaluent à 28 milliards de tonnes les émissions de gaz à effet de serre (CO2, méthane, CFC, oxydes d'azote)
que nous rejetons aujourd'hui dans l'atmosphère pour nos besoins de transport, de chauffage, de climatisation, d'agriculture,
d'industrie… D'autre part, si un tiers de la population américaine acceptait de changer ses habitudes quotidiennes, cela permettrait
de réduire les émissions de CO2 suffisamment pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto. Voici donc quelques "trucs" pour
combattre, vous aussi, le réchauffement global :
- Privilégiez les isolants naturels (chanvre, cellulose, fibres de bois, liège).
- Préférez la douche au bain : un bain consomme cinq fois plus d'eau. Un goutte à goutte représente environ 12 litres
par jour !
- Eloigner le frigidaire d'une fenêtre ensoleillée, à dépoussiérer le condensateur une fois par an. Il consomme deux fois plus avec
seulement 5 millimètres de givre... Pensez à dégivrer souvent.
- Remplacez vos ampoules électriques par des fluorescents, qui consomment moins d'énergie (-20%) ,durent 10 fois plus longtemps
et coûtent moins cher à long terme.
- Baissez les thermostats la nuit ou lors d'absences prolongées, éteignez les lumières et les appareils électriques inutilisés (Télévision...).
- Choisissez un véhicule qui consomme peu de carburant et développez des habitudes de conduite qui utilisent moins d'essence :
la voiture, à elle seule, dégage plus de gaz à effet de serre que la maison et tout ce qu'elle contient.
- Triez vos déchets, recyclez les bouteilles en verre. Un Français jettent en moyenne 1 kilo de déchet par jour / personne. Nous sommes
60 millions..... En trente ans, nos ordures ménagères ont presque triplé. 2 sacs suffisent, donc TRIEZ !
- Coupez l'alimentation de votre télé. Ne la laisser pas en mode veille (consommation 10W/h). Ce mode représente près de 25% des
dépenses.
Dans la cuisine, couvrer vos casseroles et donc baissez le feu. Pendant la cuisson, cela réduit de 30% la consommation d'énergie.
Et l'eau dans tout ça ?
Une année mondiale
2003, Année de l'eau douce : H2O, la formule de la vie
Sur proposition du gouvernement du Tadjikistan, l'ONU a proclamé 2003
Année internationale de l'eau douce. L'eau devient en effet un enjeu crucial pour l'humanité. Mais comment est utilisée cette précieuse
richesse ? Quelles sont les menaces écologiques qui pèsent sur celle que l'on appelle l'or bleu ? Tour d'horizon des enjeux liés à l'eau.
L'Année internationale de l'eau douce réaffirme l'objectif en matière d'eau déjà évoqué lors de deux sommets, celui du Millénaire des
Nations Unies (septembre 2000) et celui de Johannesburg sur le développement durable, en 2002 : diminuer de moitié, d'ici à 2015, le
nombre de personnes dans le monde ne disposant pas d'accès à l'eau potable ni de l'épuration des eaux usées. L'objectif est donc de
résoudre une situation sanitaire catastrophique : 1,3 milliard d'hommes n'ont pas accès à l'eau potable, 2 milliards sont privés
d'installations sanitaires, 4 milliards ne sont pas raccordés à un réseau d'assainissement et l'eau contaminée tue chaque année 5
millions d'habitants.
Coïncidant avec la Journée mondiale de l'eau, le 22 mars, le 3e Forum mondial de l'eau s'est déroulé du 16 au 23 mars 2003 à Kyoto. A
cette occasion est paru le premier Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau, qui dresse un état des lieux pour le
moins inquiétant, en énumérant tous les problèmes liés à la "crise de l'eau" : pollution de l'eau, raréfaction de l'eau douce,
privatisation de la gestion de l'eau… Le Sommet du G8, début juin à Evian, évoquera de nouveau le problème de l'eau et de son accès à
tous. Un accès que beaucoup considèrent comme un droit humain, individuel et collectif, pour lequel les gouvernements doivent se doter,
au plus vite, d'une véritable politique de l'eau.
Les enjeux
En 2003, plus d'un milliard d'être humains n'ont toujours pas accès à l'eau potable. Mal répartie entre les hommes,
menacée par les pollutions, source de conflits, l'eau n'est plus depuis longtemps ce bien que l'on croyait gratuit et
inépuisable. Aujourd'hui, c'est bien d'une crise de l'eau dont il est question, alors que l'eau contaminée apparaît comme le
premier facteur de mortalité dans le monde et que moins de dix pays se partagent 60 % des gisements en eau douce présents sur
notre planète.
Comment est utilisée l'eau ?
L'eau recouvre environ 71 % de la superficie de la planète, mais 97 % de ce volume est trop salé pour être consommé. De plus,
la part restante étant en grande partie stockée sous forme de glaces ou dans les nappes souterraines, l'eau douce disponible pour
l'homme représente seulement 0,3 % de cette masse originelle.
La plus grande partie de cette eau (65 à 70 %) sert à l'irrigation des cultures, tandis que les activités industrielles sont
comparativement beaucoup moins gourmandes : 20 à 25 %, surtout pour le refroidissement des centrales thermiques. Le reste va à
la consommation domestique : désaltération, toilette, arrosage...
L'agriculture est donc, de loin, l'activité humaine la plus consommatrice d'eau. Avec l'irrigation, elle représente déjà 70 %
des prélèvements d'eau douce, volume qui devrait encore augmenter dans les années à venir.
Quels sont les problèmes environnementaux ?
Les problèmes environnementaux liés à l'eau et causés par l'activité humaine se rencontrent dans quatre types de cas : les grands
travaux pour l'aménagement des cours d'eau, l'agriculture, l'industrie et l'urbanisme.
Les grands travaux comme les barrages sont parfois sources de désastres hydrologiques, comme en Egypte où un barrage sur le Nil a
eu un impact considérable sur le climat et l'état des nappes phréatiques, du fait des modifications de l'équilibre hydrologique qu'il
a induit.
D'autres barrages gigantesques dans le monde ont été construits (ex-URSS, Brésil, Amazonie…) ou sont en train de l'être (Inde, Chine,
Canada…).
L'agriculture et l'industrie ne sont pas en reste, avec les pollutions qu'elles génèrent : nitrates, pesticides, teinture, solvants,
détergents…
Enfin, les fleuves qui traversent les villes sont touchés par les pollutions domestiques dues aux déchets organiques et aux produits
d'entretien. Le lessivage des milieux urbains par de gros orages constitue une autre forme de pollution des fleuves, plus ponctuelle.
Vers une guerre de l'eau ?
Dans les trente ans à venir, plus des deux tiers de la population mondiale, qui devrait atteindre les 8 milliards, vivra en milieu
urbain, avec des besoins en eau considérables. Cette situation démographique et la présence de bassins fluviaux à cheval sur plusieurs
pays constituent les points fondamentaux de la géopolitique de l'eau du XXIe siècle.
Le contrôle des fleuves est un enjeu crucial susceptible de générer des conflits, tout particulièrement au Moyen-Orient et en Asie.
L'ONU a répertorié au total 300 zones potentielles de conflits autour de fleuves transfrontaliers ou de nappes phréatiques communes à
plusieurs pays.
Toutefois, malgré cette menace, l'eau peut aussi être facteur de coopération et de paix entre les pays : sur ces cinquante dernières
années, les traités liés à son partage ont été plus nombreux que les conflits. Dans tous les cas, l'eau constitue désormais un réel
enjeu géostratégique, et l'issue de la crise qui l'entoure exige que soient rapidement mis en place des mécanismes de solidarité
internationale.
L'agriculture biologique se veut le modèle agricole du développement durable. Intégrant de fortes contraintes environnementales, elle contribue à la préservation des ressources naturelles pour les futures générations et prend ainsi le contre-pied d'un système de production conventionnel et intensif. |
L'eau en France
Le 18 mars dernier, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a remis au Sénat un rapport sur la qualité
de l'eau et de l'assainissement en France, rédigé par le Sénateur Gérard Miquel. S'il n'y a pas d'inquiétude à avoir pour la satisfaction
des besoins en eau, l'état des lieux est par contre préoccupant pour la qualité des ressources, de l'eau distribuée et de l'assainissement.
La ressource en eau provient de l'eau de pluie, qui alimente les eaux souterraines et les eaux de surface (rivières). Or, peut-on
lire à la page 16 de ce rapport, "nous avons la pluie que notre société fabrique", et celle-ci n'est pas de bonne qualité.
Les eaux
souterraines et de surface, dont la qualité ne cesse de se dégrader, subissent en outre diverses pollutions, surtout d'origine agricole,
alors que les pollutions industrielles ont beaucoup diminué. L'agriculture se trouve donc en position d'accusé. Toutefois, le rapporteur
rappelle à leur décharge que les agriculteurs ont répondu efficacement à une attente politique, stratégique et européenne formulée dans
les années 60 : délivrer les citoyens des risques de pénurie alimentaire par une agriculture intensive.
La qualité de l'eau distribuée est surtout préoccupante en milieu rural, avec des risques bactériologiques plus importants qu'en milieu
urbain. Cette disparité est essentiellement due aux capacités financières des communes. Par ailleurs, le parc des canalisations est
ancien et son rythme de renouvellement est faible.
La société accepte de moins en moins les risques, et l'eau n'est pas épargnée, pour le bonheur des marchands de filtres et autres
adoucisseurs d'eau, ou du marché de l'eau en bouteille. Gérard Miquel insiste sur l'aspect irrationnel de certaines peurs, liées à
l'ignorance par le public des caractéristiques de l'eau. La situation de la qualité de l'eau en France est certes préoccupante, mais
les solutions proposées par les "marchands d'illusion" dont le créneau est la peur, ne sont pas forcément les bonnes.
Si l'assainissement des eaux usées a connu d'importants progrès, les boues qu'il génère constituent sans doute l'un des grands défis des
années à venir : de plus en plus de boues sont produites, mais les possibilités réglementaires de les utiliser restent limitées.
Pourtant, une partie d'entre elles pourraient servir à réalimenter les sols en matières organiques, alors qu'ils sont appauvris par
l'agriculture intensive et entraînent vraisemblablement une dégradation de la qualité de l'eau du fait de leur imperméabilisation.
Face à cette situation, le rapport préconise vingt mesures, dont une révolution environnementale de l'agriculture, l'érection claire de
l'eau et du sol au rang de patrimoine de la nation, la création d'une véritable police de l'eau, le transfert de la gestion de l'eau des
communes aux départements, la formation des citoyens dès l'école aux questions environnementales, la valorisation des boues de stations
d'épuration, et la simplification de la tarification de l'eau. Autant de réformes qui, sans une volonté politique forte, resteront lettre
morte.
A son retour du 3e Forum mondial sur l'eau, qui s'est tenu du 16 au 23 mars à Kyoto, Janos Bogardi, responsable de la Division
des Sciences de l'Eau à l'UNESCO, nous livrait ses premières impressions.
Quels sont les types de problèmes liés à l'eau que le 3e Forum mondial sur l'eau a mis en avant ?
Janos Bogardi : Le Forum de Kyoto a réuni près de 10 000 participants s'interrogeant sur les manières de combattre la crise de l'eau.
Les problèmes de l'eau sont locaux ou régionaux, mais si on ne les résout pas de façon durable, leurs conséquences peuvent devenir
globales.
Le XXe siècle a connu une multiplication de la population mondiale par trois, tandis que la consommation mondiale d'eau a été
multipliée par six. Si on ne fait rien, dans 25 ans, les 2/3 de la population mondiale connaîtront des problèmes de pénuries
temporaires d'eau (eau potable seulement disponible quelques heures par jour par exemple).
Quelles sont les solutions avancées par le Forum ?
J.B. : Compte tenu de la nature des problèmes, il n'y a pas de solution globale. Le Forum a insisté sur les relations entre la
culture et l'utilisation de l'eau. La connaissance des peuples et de leurs traditions doit être prise en compte. Tout comme la
diversité biologique est importante pour l'équilibre de l'écosystème, la diversité culturelle est fondamentale pour la société
humaine et l'efficacité des solutions envisagées. Cette approche est un aspect neuf dans la réflexion que nous menons.
Certains s'inquiètent de la marchandisation de l'eau, et parlent de sa "pétrolisation". Le Forum a-t-il pris position sur la
question de la répartition entre le public et le privé pour la maîtrise de l'eau ?
J.B. : Ce fut une question très aiguë. D'un côté, ne pas avoir accès à l'eau potable va à l'encontre de la dignité humaine.
D'un autre côté, il faut réaliser que l'accès à l'eau a un coût. Les investissements sont énormes. Personne n'est pour la privatisation
de l'eau. Mais la question se pose de savoir si une compagnie privée peut assurer le service de l'eau sous réglementation publique.
Or, les problèmes ne viennent pas tant de la répartition entre public et privé, que des mauvaises supervisions et réglementations.
En outre, seulement 6 à 7% de l'eau potable est gérée par des compagnies privées dans le monde. Et l'eau potable est une partie minuscule
de la consommation de l'eau. Le véritable défi concernant l'eau se situe dans le domaine de l'agriculture.
Le Rapport mondial sur l'eau, paru à l'occasion du Forum, est assez alarmiste. Le Forum est-il optimiste sur les programmes de
résolution des problèmes de l'eau ?
J.B. : Il y a assez d'eau à l'échelle mondiale pour toute l'humanité. Nous devons changer nos comportements, adopter une
nouvelle éthique de l'eau, et mon impression au sortir du Forum est celle d'un optimisme mesuré. La vulgarisation des problèmes de
l'eau auprès du public renforce notre détermination.
Et la terre dans tout ça ?
Une solution d'avenir
Aujourd'hui, plus question de déposer les ordures ménagères en décharge
ou de les stocker ! Le déchet est désormais envisagé comme un élément dont il faut savoir tirer parti.
Le recyclage des déchets ménagers consiste à convertir en matière première secondaire les matériaux recyclables - verre,
papiers, cartons, journaux, magazines, plastiques et métaux - pour les réintroduire dans un cycle de fabrication. Cette
démarche encore nouvelle s'explique par l'évolution des modes de vie et des habitudes de consommation : la quantité d'ordures
ménagères et leur composition n'ont cessé d'évoluer ces trente dernières années. En 1960, leur poids moyen par an et habitant
était de 303 kg, il est passé à 588 kg. Autre constat : la part des emballages, non dégradables naturellement, a explosé. Ils
représentent 50 % du volume de nos poubelles et 33 % de leur poids.
Réduisant l'impact des déchets sur l'environnement et s'inscrivant dans une logique de développement durable, le recyclage est vite
apparu comme une solution d'avenir. Il rime avec économie de ressources naturelles : pour exemple, 1,3 million de tonnes de verre
recyclées correspondent à 860 000 tonnes de sable préservées ; 7 000 tonnes d'aluminium réintégrées permettent d'épargner 15 000
tonnes de bauxite ; 3 milliards de bouteilles de plastique réinsérées, ce sont 80 000 tonnes de pétrole brut d'économisées…
Raccourcissant les circuits de fabrication, la récupération de matériaux permet également de ne pas gaspiller d'énergie.
Comment recycle-t-on ?
De la collecte du sac poubelle à la fabrication de matière première secondaire, le déchet ménager parcourt un long chemin.
Une série d'étapes dépendantes les unes des autres : la collecte sélective d'abord, le traitement au centre de tri puis le
conditionnement dans les usines du recyclage. Pour faire face aux coûts de ce système, les communes - responsables de l'élimination
des déchets des ménages (collecte, transport, tri et traitement) - se regroupent en intercommunalité.
Le tri à la source
La collecte sélective est bien développée en France : 49 millions de personnes trient leurs déchets. Toutefois, en terme de quantité,
le ramassage traditionnel en mélange reste majoritaire (90 % des ordures en 1998). Le principe de la collecte sélective : mettre chaque
citoyen à contribution ; l'inciter à séparer verre, papiers, cartons, magazines, plastiques et métaux du reste. L'usager peut lui-même
déposer ses matériaux triés dans des contenants : il s'agit de la collecte par apport volontaire - la plus répandue pour le verre.
Dans le cas de la collecte en porte-à-porte, des bacs sont affectés à chaque domicile. Ainsi rassemblés, les "recyclables" n'ont plus
qu'à être expédiés vers les centres de tri. Un gain de temps considérable.
Passage au centre de tri
Il s'agit ici de répartir finement les déchets par catégorie de matériaux. D'abord pré-triés manuellement, ils sont dans un second
temps criblés mécaniquement afin d'éliminer les éléments fins. Rejoignant un tapis roulant, métaux, plastiques, verre, papiers et
cartons sont successivement séparés. L'étape finale, celle du tri à la main, reste déterminante : elle permet de repérer les éventuelles
erreurs et ainsi de répondre aux exigeants cahiers des charges des repreneurs. Conditionnés en balles, les matériaux partent ensuite vers
les filières de valorisation.
Les filières du recyclage
La filière verrière
La production française totale de déchets en verre est estimée à plus de 3 millions de tonnes par an. Le verre, qui est recyclable à
100 % et indéfiniment, l'est à plus de 50 % en France. Après les opérations de nettoyage, il est broyé. Transformé en calcin, il est
réutilisable dans les industries verrières. Seule limite : la couleur. Le verre blanc ne peut être fabriqué à partir d'un verre coloré.
A l'avenir, il est possible que le tri par couleur s'impose, comme dans certains pays d'Europe (Allemagne).
La filière plastique
Les déchets en plastique (bouteilles, flacons, etc.) représentent 2,9 millions de tonnes par an. On collecte moins de 5 %
du gisement récupérable. Les deux grandes familles de plastique, PVC et PET, ne subissent pas le même traitement. Une fois les corps
étrangers écartés, les PVC sont comprimés, lavés et transformés en poudre. Cette substance sert à la fabrication de nouveaux produits :
tubes et tuyaux employés dans le bâtiment, câbles, revêtements de sol, contreforts de chaussure... Le PET lui, est lavé, séché et réduit
en fibres. Il est utilisé pour le rembourrage de vêtements, de couettes, la fabrication de barquettes, de laines polaires...
La filière papier-carton
6,5 millions de tonnes : c'est le poids des déchets annuels en papier-carton. En France, ces derniers sont recyclés à moins de 20 %.
Pour fabriquer du papier journal, journaux, magazines et papiers sont désagrégés dans de l'eau savonneuse. Après plusieurs bains, l'encre
disparaît et laisse une pâte blanche. Aujourd'hui, réaliser une tonne de pâte à papier à partir du bois consomme trois fois plus
d'énergie qu'à partir de vieux papiers.
Les cartons d'emballages eux, sont transformés en pâte cellulosique. Brassés dans l'eau, ils passent dans différents filtres. Après
séchage, les fibres sont transformées en feuilles de papier ou de carton puis enroulés en bobines.
La filière métal
Les déchets en métal (canettes, boîtes de conserve, etc.) sont simplement broyés et compactés. Ils rattrapent ainsi rapidement un
cycle industriel. L'aluminium est réemployé chez les affineurs. L'acier est refondu dans 75 % des cas via la filière électrique.
Pour le reste, il sert à la fabrication traditionnelle d'acier (haut fourneau). Aujourd'hui, 40 % de la production totale d'acier
provient du recyclage. Quant à l'aluminium, sa récupération assure 30 % des besoins français.
Les matières premières secondaires prennent ensuite le chemin des marchés nationaux et internationaux de substances valorisées.
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